Comme le 11/09, nous vous délivrons une nouvelle partie de notre interview de l’auteur Charles Dellestable, le gagnant du Prix Nouveau Talent 2013 et édité par la maison d’édition JC Lattès.
Notre seconde question à Charles :
Depuis combien de temps écrivez-vous ? Qu’est-ce qui vous a mené à cet art ? Considérez-vous l’écriture comme un art ?
Sa réponse (brute) :
J'ai réellement commencé à écrire à partir d'octobre 2008, dès que j'ai assisté à mon premier atelier d'écriture. J'avais ancré en moi le désir d'écrire, l'envie de raconter des histoires et de bien les raconter. Mes parents étaient décorateurs d'intérieur et des années durant, je me suis également consacré à la décoration en dehors de mon travail. J'étais un acharné. Et doucement, lentement, j'ai ressenti l'inanité de ces scènes éphémères que j'aimais orchestrer chez moi. Mes pièces intérieures étaient vides, et la solitude résonnait en moi. Je ne cessais de faire et défaire parce que quand c'était fait, je n'avais plus rien à faire. J'ai compris que c'était en moi que je devais emménager, vivre et habiter, et nulle part ailleurs. Or, je suis incapable de vivre dans un espace mal décoré. J'ai perçu que les mots pouvaient être ces meubles et ces ornements qui me sont si chers et qui, une fois séchés sur le papier, demeurent immuables. C'est très rassurant, en soi. Les enfants adorent lire toujours la même histoire : chaque mot a sa place et aucun ne doit bouger. Ma définition de l’écrivain ? L'architecte des mots intérieurs.
Si j'affirme que l'écriture est un art, c'est un moyen détourné de m'attribuer le qualificatif d'artiste et je trouve cela épouvantablement prétentieux et aussi ridicule que ceux qui affichent en lettres bâton sur leurs véhicules utilitaires : Artiste Peintre. Si je prétends que l'écriture n'est pas un art, j'insulte Proust et Sagan, Faulkner et de Kerangal, et tous ceux que je vénère. On giflerait à moins.
Alors je vais transiger : Oui, l'écriture est un art, un art qui ne possède qu'une seule couleur, celle de l'encre, pour déployer la palette entière des émotions. C'est un art qui dit « Je » quand à la vérité, il dit « Tu » et que ça remue les tripes. C'est un art qui n'impose aucune image : rappelez-vous la triste déception de ne pas découvrir sur l'écran d'un cinéma les images nées lors de la lecture du roman. C'est un art parce que tout est art, à mon sens. Je ne suis pas artiste, mais artisan débutant.